Romain Thiery

Lieu n° 4 Cluny

Requiem pour pianos 

Pourquoi le piano évoque-t-il une telle nostalgie et de telles émotions en nous, même après des siècles en tant qu'instrument domestique ?
Le photographe et pianiste classique français Romain Thiery pense que le piano est, selon ses propres termes, "profondément enraciné dans les profondeurs de notre culture" et a cherché à explorer l'instrument sous un angle original.
Il est certain que la série dite « des pianos » témoigne du double attachement de l’artiste Romain Thiery à la musique et à la photographie. Il en parle d’ailleurs comme étant toutes deux ses passions. Travaillant Chopin sans relâche sur le piano à queue de sa maison-atelier, il arrive parfois au photographe, lors de ses « explorations urbaines », de capter l’image d’un instrument gisant là, oublié là, et épaississant davantage encore le mystère des lieux.

C’est ainsi qu’une soixantaine de clichés prennent appui sur l’objet central qu’est le piano, souvent édenté, parfois démembré, mais trônant orgueilleusement. Imposant et incongru, il est là ; là où régnaient, il y a peu de temps encore, la grâce, le luxe et l’image d’une nouveauté qui à l’époque appelât au respect. Tout d’abord, Romain Thiery a bien compris que tout s’emporte, sauf un piano à queue. Mais ce que l’image veut nous montrer, c’est aussi le poids des codes ; et que peut-on trouver de mieux pour cela qu’un instrument de deux cent cinquante kilos de fonte délicieusement serti de bois précieux. La force (et le poids) de la reconnaissance sociale deviendrait-elle un jour encombrement ? Romain Thiery veut-il nous parler du piano objet, ou du piano outil ?

La série issue des œuvres de Romain Thiery s'appelle "Requiem pour pianos ». Elle a catapulté le nom du photographe dans le monde entier. Il a exploré plusieurs pays à la recherche de ces pianos oubliés dont la France, l’Espagne, l’Italie, la Belgique, l’Allemagne, la Pologne, la république tchèque, l’Ukraine, la Bulgarie et la Roumanie.